Si on s'y mettait vraiment

Submitted by dougoutigui on Wed, 04/13/2022 - 18:49
CERAV/Afrique
coupure de ruban

Inauguré dans des conditions très regrettables, nouveau retard du Premier ministre Paul Kaba Thieba, je crains que la culture ne soit encore une fois le moindre des soucis de ce gouvernement. Cette négligence de la culture me fait beaucoup de mal.


A voir tout un parterre d'hommes de culture, garants de tradition, d'octogénaires pétris au savoir-faire de poiroter pendant 4 heures sous un hangar sous une chaleur exécrable, je me demande quelle importance nous accorderons à ce Centre Régional des Arts Vivants en Afrique (CERAV / Afrique) ? Heureusement, Tahirou Barry a su apaiser nos cœurs tout en faisant preuve d'un optimisme rassurant quant à la réussite de ce projet qui va directement à la protection et à la promotion de la diversité des expressions culturelles.


Parlons-en! Cette volonté d'offrir à notre continent une structure d'appui à la mise en œuvre de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles et surtout spécialisée dans la promotion du spectacle vivant ainsi que du cinéma et de l'audiovisuel ne peut être opérationnelle que grâce à la volonté de nos États. Il est souhaitable que cette coopération ne soit pas simplement institutionnelle mais surtout financière. La présence d'un tel centre, à mon sens, compensera ce manque notoire d'échanges et de communication entre nos Etats dans le domaine des Arts du Spectacle (musique, théâtre, danse, cinéma et audiovisuel). Par exemple : une chaîne fiable de diffusion des films africains pourrait être mise en place. Cela nous permettra de ne plus vendre nos films au prix fort sur les chaînes de télévision du monde entier. Une sorte de réglementation sur l'exploitation des arts de la scène pourrait être mise en place. Un plan fiable pour la diffusion de la danse, de la musique, des représentations théâtrales, etc.


Aujourd'hui, avec la présence tous azimuts des nouvelles technologies, la promotion, la diffusion, la protection, la gestion et la production des arts du spectacle en Afrique est un véritable gâchis.


C'est pourquoi, à mon sens, si le CERAV/Afrique émerge, c'est avant tout : pour protéger et promouvoir la diversité culturelle. Le Ministre Barry dans ses propos l'a dit en substance "... Pour se développer durablement, nos peuples ont besoin de s'appuyer sur le socle d'une culture qui nous humanise, qui nous sensibilise et qui nous amène à poser les bases de la cohésion nationale et compréhension internationale". Cette cohésion nationale justement, passe aussi par la prise en compte des Etats africains pour injecter en conséquence de l'argent dans ce secteur. Tout ne doit pas se limiter à des papiers, discours et inaugurations en grande pompe. Les capacités, par exemple, des institutions culturelles il faut renforcer les acteurs et les promoteurs et mettre en place un conseil d'administration digne et dynamique. Surtout qu'on ne voit pas plus tard dans la confusion ou les magouilles comme la FEPACI à Ouagadougou ou le BBDA. Nous souhaitons la mise en place d'une équipe sincère, entreprenante dont les ambitions ne sont que collectives et non individuelles sur la base de la transparence.


Stimuler l'interculturalité afin de développer l'interaction culturelle dans un esprit de construction de ponts entre les peuples. C'est un point de ce CERAV/Afrique qui m'intéresse particulièrement ! Car cela permettra un dialogue et un partage d'expériences de manière panafricaine. Une véritable mixité culturelle qui renforcera encore les liens. J'ai hâte que ce soit efficace !


Bref, la présence impressionnante d'acteurs incontournables de notre culture au lancement du CERAV/Afrique démontre l'intérêt de ce projet. Jamais depuis longtemps je n'ai vu autant d'acteurs et de monuments de notre culture se réunir. Des trésors humains vivants dans leur ensemble avec Me Tintenga Pacéré à leur tête. Prof. Prosper Kompaoré (ATB), Ardiouma Soma (FESPACO), Ildevert Meda (CARTEL), Serges Aimé Coulibaly (Cpie Faso danse théâtre), Bara Walib, Smockey, Ousmane Boundaoné, Ali Diallo, Télesphone Bationo, Michel Somé Bossofa, Famille Kouyaté…


Tout le mal que l'on peut souhaiter au Centre Régional des Arts du Spectacle en Afrique, c'est qu'il s'épanouisse dans les missions qui lui sont assignées.


Une pensée au Pr Jean-Pierre Guingané que j'aurais aimé qu'il soit présent.